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Aphanize, soir
Publié le 23 août 2021
« Et puis Aphanicé, c’est aussi un paysage. Il faut arriver en fin d’après-midi sur ces hauts plateaux tout baignés de mélancolie. Après avoir dressé la tente, on aimera errer parmi ces pâturages maigres, criblés de dolines, sur lesquels veille l’échine blanche du pic de Béhorléguy. Du haut d’un éperon rocheux, on contemplera la forme étrange du pic de Cihigue que rosit le crépuscule, tandis que l’ombre envahit les ravins des Arbailles et que la brume cerne peu à peu les collines de Cize. Ceux qui auront pris ce temps-là auront aperçu le visage de la paix. »
— Pierre Minvielle, Grottes et canyons, les 100 plus belles courses et randonnées, Denoël 1977
Ce bouquin est un des grands classique de la spéléologie, et j’y ai fait ado et adulte les plus belles balades souterraines possibles — sans mettre les pieds sous terre.
Ce paragraphe m’avait fait rêver au point de le lire et relire, jusqu’à le savoir par cœur, comme le pays de calcaire et de vent... de Tazieff (les spéléos sauront de quoi je parle). C’est depuis quelques années un rituel que de venir ici, quand la route et le brouillard le permettent ; mais je n’avais pas encore fait cette expérience d’y planter la tente, et errer dans la brume à la nuit tombante — et c’était très haut sur la todo list.
J’ai tout fait comme dans le bouquin, un peu surpris qu’une fois le soleil passé derrière les crêtes il fasse plus froid, et sombre, que dans mon imaginaire. Et d’être saisi à mon tour, par cette mélancolie dont parlait Minvielle. Avant qu’il fasse tout à fait nuit j’ai accroché les micros dans un buisson, à l’abri du vent le mieux possible, pour tenter de ramener un peu du paysage sonore. Comme écrivait Bernard Dimey : « pour m’en souvenir à Paris ».
Au casque c’est mieux.