La Bouverie, matin

Cet article pourrait aller dans la rubrique "Déceptions" s’il y en avait une dans le blog :
– parce que c’est très difficile d’enregistrer (et de restituer) le bruit de l’océan capté d’un peu loin, 50 ou 100 mètres, j’étais au bord d’une baïne à marée basse. À l’écoute on se dit qu’on aurait pu faire aussi bien, voire plus évocateur avec le bruit blanc du synthétiseur ou de Pure Data ;
– parce que quand je peux, j’aime bien mettre dans cette rubrique des images réalisées au Fuji Instax, qui offre à la fois presque l’instantanéité de l’image numérique, et un rendu de couleurs à peu près imprévisible, souvent très moche ; mais parfois, quand les conditions de sujet et de lumière sont réunies, d’une vraie délicatesse, capable d’évoquer avec douceur et subtilité le moment. C’était le cas de cette photo ; mais une fois scannée (sur une imprimante multifonction, ce que j’avais sous la main), de cette finesse il ne reste plus rien. Côté image aussi le smartphone avec un filtre Polaroïd aurait fait aussi bien, ou plutôt aussi mal.

On serait perfectionniste, on laisserait tout ça dans les oubliettes du disque dur jusqu’au prochain grand ménage.

Mais voilà, on ne l’est pas assez. Et parce que l’on voudrait malgré tout pouvoir plus tard retrouver une trace de ce chouette moment, assis sur le sable mouillé, sur la plage encore vide, avant d’aller plonger dans les vagues. Une de ces expériences de la vie qui restera incommunicable, malgré nos jouets technologiques (et c’est peut-être aussi bien comme ça).