Un jardin

La Grière, La Tranche sur mer, 23 octobre 2020, matin.

C’est une maison d’enfance construite par mes grands-parents dans les années cinquante, à l’abandon depuis des années — de ces histoires de famille à la fois banales et trop compliquées pour les expliciter ici. J’allais rendre visite à ma tante aux Sables d’Olonne, et avais fait le détour à la fois pour la plage et le petit tour du jardin et des souvenirs, rituel doux et mélancolique. J’étais resté un moment debout sur la terrasse qui autrefois me semblait bien plus haute, avant de partir vers le fond du terrain.

Je crois que c’est la première fois que je me rendais compte que depuis le jardin on entendait la mer — ou peut-être seulement le vent dans les arbres mais il n’y avait pas ou peu de vent, donc non, ça devait être vraiment la mer. On entendait aussi des oiseaux (à Paris c’est une habitude que j’ai perdue) parfois un passage de véhicule au loin, de la vie dans les maisons voisines.

J’ai accroché les micros à un tronc d’arbre, me suis éloigné un peu, revenu quelques minutes après. Le soir j’ai transféré le son sur l’ordi, il ne me semblait pas très intéressant. Et puis c’est comme avec les photos argentiques, deux mois plus tard je lui trouve cette capacité de me ramener dans l’instant, l’ambiance. Pas le son du siècle, mais un presque rien habité comme je les aime.

Au casque c’est mieux.