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Chapelle Ste Foy
Publié le 2 mars 2016
Réponse à François Bon, "Puiser à la mystique celte".
Mercredi après-midi c’est le moment de la semaine où je suis censé avoir du temps pour faire le ménage, un peu de courses, travailler les instruments, essayer de prendre de l’avance dans les préparations de boulot. Et le plus souvent ça finit en sieste, thé, ordinateur et quand même un peu musique, avec en prime la mauvaise conscience de n’avoir pas fait, ou mal, le reste.
Et puis un peu de temps aussi pour mise à jour du blog avec autre chose qu’une photo sans commentaire. Ça commence toujours par plongée dans les scans des films de l’année précédente, choix selon l’humeur, un peu de retouche dans GIMP — pas grand chose, deux ou trois pétouilles, les courbes, un peu d’accentuation et de relevage des hautes lumières comme je fais en vrai tirage argentique avec le ferricyanure au pinceau, et un simili virage au sélénium quand l’image s’y prête.
Là je n’avais pas d’idée préconçue sur ce que serait l’image du jour, et puis regardé cette vidéo de mon frère :
Le frangin est tombé dans la vidéo ça fait quelques temps, il fait ça à sa manière habituelle, genre cheval de labour, lente, obstinée, têtue, puissante. Je ne connais pas le coin dont il est question, mais on en connaît d’autres, de ces lieux antiques de culte et de pèlerinage christianisés, le mont Gargan, le village abandonné d’Aurelle, et ça m’a fait penser à cette chapelle Ste Foy perdue dans les collines près de Conques — à ne pas confondre évidemment avec la belle abbatiale.
Cette chapelle je l’avais photographiée en 1988 :
À l’époque elle était passablement à l’abandon et j’avais montré le tirage à un ami prêtre et musicien, le Père André Gouzes, un peu inquiet de sa réaction, qui avait été : « Ah ! Voilà l’Église du XXième siècle ! »
Vacances en Aveyron cet été, envie de savoir ce qu’elle était devenue.
On l’a abordée par le haut, en finale d’une petite randonnée sur les hauteurs de Conques, où l’on croisait aussi bien des baladeurs comme nous, des mélomanes venus pour le festival de musique, qui nous recommandaient le concert d’orgue du soir, que des grands randonneurs sur le Chemin de St Jacques, lourdement chargés, aux grosses chaussures, ou les durs de durs, en sandales de cuir et croix en sautoir.
L’intérieur a été refait. J’ai essayé de refaire le même cadrage, d’abord au 35mm parce qu’à l’époque je n’avais en 24x36 que mon Minox (je l’ai toujours, enfin, je l’ai remplacé par le même) mais le souvenir de la photo était un peu flou, il est un peu plus large. Et puis le cadrage qui faisait une composition à l’époque, n’aurait pas eu forcément du sens dans la nouvelle configuration des lieux.
On s’est assis un moment dans la pénombre sur les chaises, un endroit calme, paisible, apaisant.
Ce qui me touche dans ces lieux, qui n’ont pas été bâtis là au hasard (une source, quelques mètres plus bas, il me semble, la vue dégagée sur le village de Conques, et je crois une légende qui va bien, d’un miracle lié aux culte de Ste Foy, qui se serait produit là) ce n’est pas tant ce qui reste d’une religion moribonde, que ce sentiment mystique ou superstitieux, appelons-le comme on veut, populaire.
Qui, vient là, autrement qu’en promeneur, randonneur, rêveur, photographe ?
Qui écrit ces mots sur le livre d’or (le prénom du frère est évidemment coïncidence, je viens juste de le remarquer ) ?
Qui, laisse ici ces offrandes, chapelets, photos de ses entants/petits-enfants, mots de recommandation, d’adoration, que je n’ai pas tous lus, mais dans la veine du livre d’or ?
Le christianisme est mort, mais ce besoin de mystique venu du fond des âges survit encore. Et nous-mêmes, que faisons-nous réellement en ces lieux ? La photo n’est que le prétexte, ou l’expression de la question intérieure.