Saga des jouets - 3

Cet appareil a été longtemps un objet de désir sur mes 17-25 ans.

Sans doute parce que je le voyais chaque été dans la vitrine d’un magasin de photo au Cap-Ferret où l’on passait nos vacances — à Civray où l’on vivait, c’était plutôt des appareils de première communion dans la vitrine, parfois avec un ou deux reflex économiques, Ricoh ou Fuji. Il était vraiment très beau, comme ses frères 167, 159 et RTS : fabrication Yashica, mais dessinés par le bureau de design de Porsche, qui s’y connaissait un peu en matière de carrosserie.

Et puis à l’époque, je lisais Chasseur d’images qui en disait le plus grand bien, des boîtiers comme des optiques Zeiss qui égalaient en qualité les Leica (et j’étais aspirant géomètre à l’époque, c’était les deux noms devant lesquels on se découvrait). En plus ce n’était pas une marque très courante, ce qui allait bien à mon caractère de petit con un peu snob. Mais c’était cher, alors je me disais qu’« un jour » j’aurais un Contax. Sauf qu’entre temps je suis devenu ami avec un photographe qui ne vendait que des Nikon, alors j’ai eu des Nikon et pas des Contax.

Jusqu’au jour ou un pote a trouvé une sacoche photo sur un trottoir, qui en contenait un. Il l’a signalé à la mairie, personne n’est venue la réclamer, et en me voyant baver devant il me l’a donnée au bout d’un an. C’est vraiment un chouette petit boîtier, quasiment un sans faute de conception. Son seul défaut est un déclencheur ultra sensible, qui part si une mouche pète au-dessus de lui. Et un gainage qui vieillit mal, mais c’est très facile à changer (même moi j’y suis arrivé).

Malheureusement il est tombé en panne quelques mois plus tard, le technicien m’a dit qu’il n’avait pas envie de passer des heures dessus sans garantie de succès. Il est parti pour pièces sur le Bon coin... et j’ai acheté un Contax RTS II, avant d’en reprendre un autre.

Pas tant par besoin, que parce que c’est sans doute le plus joli boîtier reflex 24x36 qui soit jamais sorti d’une planche à dessin, et qu’au prix que ça vaut de nos jours, il n’y a pas de mal à réaliser ses rêves d’ado.