Un jardin

Je me souviens que les volets de cette maison étaient restés fermés de longues années. Je m’en étais inquiété auprès d’un copain du quartier, qui m’avait dit que le ou la propriétaire vivait en Ehpad. Il y avait sur la grille une de ces affreuses bâches en nylon vert, pour cacher la vue, mais par les trous on apercevait un beau jardin, entretenu une à deux fois l’an, et fréquenté uniquement par les oiseaux et les chats — en particulier un vieux chat aveugle dont je dois avoir une photo quelque part.

Maintenant la maison est à nouveau habitée, et revit, tant mieux. Les haies sont taillées, les pelouses tondues. On voit une voiture, et une de ces grosses piscines hors-sol bleue : il doit y avoir des enfants ; la vie.

Mais du point de vue du promeneur, le charme mystérieux de ce bout de terrain hors du temps a un peu disparu.