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Escalier, soir

Publié le 18 octobre 2020

Fouras, 17 octobre 2020, 18:30

On appelle ça je crois ( j’en suis sûr, même) la sérendipité : lorsque, en sciences notamment, on travaille sur un sujet de recherche, et que l’on fait par hasard (?) une découverte sans rapport avec le projet initial. Ou plus prosaïquement, quand à la maison tu cherches tes clés, et que tu retrouves le chéquier égaré depuis des semaines. C’est un truc qui m’arrive assez souvent en photo (voir des choses dans l’image, que je n’avais pas remarquées en prenant la photo) mais je crois que c’est la première fois que cela m’arrive en prise de son.

C’était un beau soir d’automne ; la veille j’avais quitté Paris, le bruit, la pollution, le carnaval des masques, les interdits gouvernementaux toujours plus nombreux. Et là je venais de nager une heure, tout seul dans une mer parfaitement calme avec palmes et tuba, de la plage de l’escalier au port sud et retour (si tu connais pas c’est pas grave, je chante pour moi-même). Puis un petit bain rapide sans la combinaison, histoire de ne pas penser ou laisser penser qu’à la mi-octobre on ne peut pas se baigner sans néoprène en Charente-Maritime. Il n’y avait personne dans l’eau ni sur la plage puisque pour cause de grande marée, de plage il n’y en avait pas. De ces petits moments de grâce qui restent longtemps en mémoire ensuite.

En sortant de l’eau j’ai remarqué le petit bruit que faisait l’eau en tapant sur les marches de l’escalier. Je suis allé chercher l’enregistreur dans la voiture ; pour ne pas qu’il soit éclaboussé je l’ai accroché par la sangle à la rambarde, au-dessus de la zone des vagues, et lancé le son avec les micros intégrés. Sans penser un instant qu’il pourrait y avoir des bruits de contact sur l’enregistrement (le truc de débutant qui m’arrive encore trop souvent), puisque moi je n’y touchais pas. Mais chaque impact de vaguelette faisait vibrer la vieille rambarde, qui elle-même devait toucher l’enregistreur. Et du coup sur l’enregistrement ça devient comme une sorte de gong — un truc qu’on n’entend évidemment pas à l’oreille nue, un bruit qui n’existe même pas en fait, autrement qu’en mettant un micro au contact. Mais très musical.

J’ai enregistré une dizaine de minutes, juste la mer. Et puis une petite famille est passée, discutait sur la plateforme un peu plus haut. D’abord ça m’a un peu contrarié et puis j’ai finalement gardé les voix : tu as beau passer tes semaines dans le bruit des drôles, un enfant qui s’émerveille « woah... c’est beau... » devant la mer, c’est un cadeau qu’on ne refuse pas.

Au casque, c’est mieux.

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